DECLARATION DU MOUVEMENT FÉMINISTE DU MALI SUR LES SANCTIONS DE LA CEDEAO
A l’issue du sommet extraordinaire tenu à Accra au Ghana, le dimanche 9 janvier 2022, les Chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont pris des sanctions lourdes de conséquences contre un pays membre, le Mali. Dans la situation compliquée du Mali, les protagonistes nationaux et de la sous-région doivent s’abstenir de la mise en œuvre de toutes mesures visant à asphyxier une fois de plus des populations déjà éprouvées depuis 2012, par une situation sécuritaire traumatisante créée par le terrorisme récurrent et récemment par la pandémie de la COVID-19.
Ainsi, nous, Organisations et personnalités de la société civile Malienne et africaine, signataires de la présente, suivons avec beaucoup d’attention, l’évolution de la crise sociopolitique au Mali, en ce début d’année 2022.
En effet, ces sanctions sont intervenues suite aux contradictions entre le délai du 27 février 2022, fixé par la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour l’organisation d’élections présidentielles, censées ramener les civils au pouvoir et celui, retenu par les autorités de la transition malienne, allant de six (6) mois à cinq (05) années.
La CEDEAO a réagi en prenant des sanctions économiques et financières, impliquant la fermeture des frontières aériennes et terrestres avec les autres États membres.
Les signataires de la présente déclaration, sont préoccupées par les conséquences de ces sanctions qui ciblent directement le peuple malien notoirement connu pour être un peuple de commerçants, ainsi que les peuples Ouest africains et expressément les femmes et les filles qui occupent le plus grand pourcentage de ces commerçants exerçant dans l’informel et dans l’entreprenariat.
Ces sanctions sortent carrément du cadre prévu par le Protocole additionnel de la CEDEAO qui a été adopté en décembre 2001, à Dakar (Sénégal). De surcroit, aucun autre traité de la CEDEAO ne prévoit la fermeture des frontières entre ses membres.
Considérant :
- Notre appartenance à l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA),
- La continentalité du pays, lui imposant l’utilisation des ports maritimes des pays voisins, membres de la communauté, pour ses importations et exportations,
- La place qu’occupe le pays dans l’indice de développement humain durable,
- Les manquements et les violations des droits qui peuvent découler de cette situation
Inquiètes des conséquences :
- Catastrophiques et financièrement asphyxiantes, auxquelles les sanctions ainsi édictées exposent les populations en cause, comme (le panier de la ménagère, l’accès aux produits de premières nécessités, le ravitaillement de la sous-région et les échanges commerciaux (importation et exportation),
- Sécuritaires (la complication de la situation des droits de l’homme et des défenseurs des droits de l’homme sur le terrain),
Dénonçons ces dispositions en porte à faux avec la volonté d’une intégration pleine et entière des peuples, telle que portée par les pères fondateurs de l’institution sous régionale.
- Condamnons l’adoption contre le Mali de sanctions contraires au développement communautaire auquel se réfère le préambule du Traité révisé de la CEDEAO en date du 24 juillet 1993 et les Principes fondamentaux de l’organisation Ouest africaine.
- Demandons à la CEDEAO de lever les sanctions prises contre le Mali, le 09 janvier 2022, afin de faciliter le vivre ensemble des populations Ouest africaines et l’avenir de l’intégration des peuples africains.
Fait à Bamako, le 10 janvier 2022