TABLE RONDE SUR “ÉGALITÉ DE DROITS, INÉGALITÉS DE FAIT: DES FEMMES “TÉMOIGNENT

Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des droits de la femme, le Mouvement Féministe du Mali ( MFM ) a organisé ,ce Mardi 22 mars 2022, au Mémorial Modibo Keita, une table ronde avec des leaders des associations féministes et certaines de leurs membres, telles que l’Association malienne des sourds et malentendants (AMASOURDS), la Fédération malienne des associations et Comités de personnes vivant avec un handicap (FEMAPH), l’Association Malienne pour la protection des personnes vivant avec l’Albinisme (AMPPA) et plusieurs responsables d’ associations féministes du Mali. Avec la présence appréciée de la juriste Me Djourté Fatoumata Dembélé de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH).

 

L’objectif de cette table ronde est de faire connaître les lois et politiques nationales en matière de protection des droits des femmes au Mali et surtout comment les Maliennes vivent les inégalités de fait. Le thème choisi pour la circonstance est : « Égalité de droit et inégalités de fait – Des femmes témoignent».

Pour Diarra Djingarey Maïga, l’activité entre dans le cadre de la célébration du 8 mars, qui pour elle, n’est pas que festivité. C’est plutôt un moment pour les membres de s’asseoir, de réfléchir, d’analyser et de proposer. « Comme vous l’avez constaté, nous sommes ici entre femmes mais entre femmes de différentes catégories, nous avons les femmes vivant avec l’albinisme, des femmes sourdes et malentendantes, des femmes vivant avec un handicap physique, nous avons toutes ces femmes ensemble dans cette salle.

L’initiative est d’échanger les expériences, mettre ensemble les acquis que ces femmes ont eu dans la lutte pour leur droit et aussi réfléchir sur les perspectives et comment les mettre en action pour trouver la solution à ces inégalités que ces femmes vivent en tant que femme malienne, » a précisé Mme Diarra Djingarey Maïga, présidente du MFM.

Pour Fatoumata Dembélé de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), la Constitution du 25 février 1992, c’est la loi fondamentale, elle met en exergue la promotion de la femme, pose le principe de la non-discrimination entre les hommes et les femmes. On peut constater cela dans l’article 2 à l’article 18 et même au-delà, Vous pouvez vous prévaloir de tous ces droits, ce sont vos droits à vous aussi.

Vous avez un texte, qui pose des principes discriminatoires, c’est le Code des personnes et de la famille adopté en Novembre 2011. Il reconnaît l’âge de la majorité à 18 ans. Normalement, tous les actes qu’on pose doivent aller dans ce sens, mais le principe de la discrimination est posé, en permettent à la fille de se marier à l’âge de 16 ans, elle n’est pas majeure (puisque l’âge de la majorité est de 18 ans).

La grande difficulté des femmes à ce jour, a-t-elle dit, est la non application des lois et des textes votés en faveur des femmes. Ces difficultés posent d’énormes préjudices aux femmes. Nous rappelons que la femme a droit à l’éducation, à la santé, au développement. Après les explications de Me Djourté Fatoumata, plusieurs thématiques ont été soulevées au cours de cette table ronde, entre autres le traitement subi par les femmes atteintes d’albinisme, l’accès aux services sociaux de base, à l’information.

« La difficulté que les femmes en situation d’albinisme rencontrent sont vraiment multiples. Déjà nous faisons face à des discriminations verbales comme des injures, des sabotages… Le pire est que nous devrions subir des VBG à cause de notre albinisme parce que, selon certaines croyances, avoir des relations intimes avec des personnes atteintes d’albinisme procureraient de la richesse.

C’est ce qui justifie les nombreux viols dont elles sont victimes » déplore Mme Maïga Aminata Traoré, présidente des personnes atteintes d’albinisme. Du côté des personnes handicapées physiques, Kadiatou Coulibaly dite Katouchia, de l’Union malienne des Associations et des Comités des femmes handicapées (UMAPH) a donné des exemples de discriminations à leur rencontre qui dépassent l’entendement.

Sur le plan santé, ces femmes rencontrent des difficultés lorsqu’il faut aller par exemple accoucher. La différence de traitement est très grandes, elles accouchent souvent à même le sol, avec souvent des injures à l’appui. Sur le plan de l’emploi, on ne tient pas compte de leur état, il faut faire comme tout le monde, ce qui est impossible.

L’accès aux bâtiments publics est difficile à cause du manque de remparts et autres. Sur le plan social, c’est encore plus compliqué. Barkissa Maïga, de l’Association malienne des sourds et malentendants (AMASOURDS) a surtout parlé de leur exclusion dans la circulation de l’information, sans traducteurs ils ne peuvent rien faire.

A la fin de la table ronde, les femmes ont fait des recommandations à savoir : Faire une cartographie des personnes vivant avec Albinisme dans le pays ; Sensibiliser les hommes et les femmes sur les inégalités ; Accentuer les actions de sensibilisation et de plaidoyers sur les inégalités sociales ;

Plaider pour des interprètes dans les services publics et parapublics ;

Plaider pour la création d’une radio dénommée « la voix des handicapés » ; Réduire la création de nouvelles associations et renforcer celles existantes ;

Renforcement des capacités des femmes ; Faciliter l’accès à l’information (Tv -Radio) grâce aux interprètes ;

Recherche de bourse d’études pour les personnes vivant avec handicap.

Notons que le MFM regroupe des femmes de divers horizons (jeunes femmes leaders, féministes, activistes des droits des femmes et des filles, académiciennes, actrices de la société civile, des secteurs public et privé) et des organisations de droits humains et des droits des femmes luttant contre les oppressions patriarcales dans toutes leurs manifestations.

Des femmes qui sont plus que jamais décidées à réduire les discriminations socioculturelles, la violence et l’exclusion dans les organes de décision. Le Mouvement a, entre autres objectifs : de favoriser l’avancement de l’égalité entre femmes et hommes, de promouvoir la diversité et de mettre en place des processus et des stratégies de mobilisation efficaces, pour mieux positionner la question des femmes dans l’agenda politique.

Le MFM est en fin de compte une véritable école pour faire la promotion féminisme.

DEUXIÈME ÉDITION DU FORUM FÉMINISTE DU MALI : DYNAMISER LE MOUVEMENT ET PARTAGER LES RÉSISTANCES

Le Mouvement féministe du Mali du 17 au 19 novembre 2021, a organisé son deuxième forum dans le cadre de la dynamisation dudit mouvement, au Grand Hôtel de Bamako. L’espace d’échange a travaillé autour du thème «Partager nos résistances ». C’était en présence des représentantes de beaucoup d’organisations de défenses des droits des femmes des régions du Mali et du District de Bamako, de pro féministes (ces hommes qui se battent pour la défense des droits des femmes) et de partenaires comme Oxfam/Voice.

Dans son mot de bienvenue, Madame Diarra Djingarey Ibrahima Maïga, secrétaire exécutive de Femmes et droits Humains et Coordinatrice du Forum féministe, a dit que « ce forum vise à favoriser l’avancement de l’égalité entre l’homme et la femme. C’est pour dynamiser le mouvement féministe au Mali». Elle a ensuite ajouté que le contexte du Mali change régulièrement et chaque changement de contexte est une menace pour les droits des femmes, c’est pourquoi il est crucial pour nous d’avoir un mouvement fort qui va se lever et agir à chaque fois qu’il y a un problème ou une menace afin que les droits des femmes soient pris en compte.

La représentante du Mouvement féministe du Mali (MFM), Madame Maïga Mariam Diawara, a commencé par la citation, « Féministe sans si, sans mais, nous le sommes », pour elle, « Initié en 2014, le premier Forum a servi d’espace d’échange d’expériences, d’interaction, de partage fructueux, d’analyse et de synergie entre femmes leaders de différentes générations, de divers horizons. J’invite les femmes à faire face aux défis de l’inégalité sécuritaire, sanitaire, économique, à la destruction de l’environnement et au changement climatique », a-t-elle conclu.

Madame Mama Koïté Doumbia, présidente des femmes leaders du Mali et de Musonet, avant de lancer l’atelier a partagé ses expériences avec les participantes et demander plus de solidarité entre les femmes et un coaching des plus jeunes par les anciennes pour un meilleur partage de témoin. « L’avenir va se construire sur la jeunesse et je pense nous avons besoin de passer le témoin. Nous avons eu la chance d’avoir beaucoup d’expériences, poser beaucoup d’actes et aujourd’hui nous voulons laisser la jeunesse continuer le combat, sinon tous nos efforts seront anéantis», a-t-elle ajouté.

Trois jours durant, les participantes encadrées par la Consultante internationale sénégalaise Awa Fall Diop, ont formulé des recommandations pour mieux dynamiser le mouvement, afin d’améliorer la participation active et la prise en charge de la voix des femmes et des filles du Mali dans les décisions et les politiques nationales. Pour rappel, le forum féministe Malien regroupe les femmes leaders de différentes générations, de divers horizons (jeunes femmes leaders urbaines et rurales, féministes, activistes des droits des femmes et des filles, académiciennes, actrices de la société civile, des secteurs publics et privés. A ce deuxième forum, elles sont venues de toutes les régions du Mali et du District.

PRIORISATION DES DROITS

Afin d’analyser la situation des droits et de l’égalité de genre au Mali, les participantes ont travaillé en groupes pour définir les prioritaires selon elles. Les discussions en plénière ont finalement retenu 8 droits prioritaires.

Le Droit à la vie

Le droit à l’éducation

Droit à la santé sexuelle et reproductive

Les droits économiques, politiques et civils: accès et contrôle des biens, autonomisation, emploi et AGR

Droit à un travail décent et à un revenu égal

Droit à la sécurité et à la protection Le droit à l’égalité juridique /la non-discrimination : justice, protection et défense, liberté, sécurité et paix Droit à la terre

Droit à l’égalité,

Les droits politiques et civiques : association, réunion, vote, éligibilité

Droit à la participation politique et aux prises de décisions

Le droit à la sécurité, à la protection et à la défense

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